13 février 2020
Par Jimmy Berthiaume pht
Les manipulations ou en bon québécois : « se faire craquer », est-ce bon? Est-ce dangereux?
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Voici mon point de vue de physiothérapeute à ce sujet.
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D’abord un peu d’explications. Une manipulation est l’action d’amener une articulation au-delà de sa limite physiologique, mais à l’intérieur de la limite anatomique. Ce sont des techniques sécuritaires lorsqu’elles sont bien exécutées et lorsque la personne concernée a bien été évaluée pour éliminer les potentielles contre-indications. Nous ne manipulerons pas une personne qui fait de l’ostéoporose avancée, par exemple. Le son émis par le craquement est, selon l’hypothèse la plus logique, le changement de pression rapide et soudain à l’intérieur de l’articulation.
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La manipulation peut être utilisée pour redonner de l’amplitude au mouvement d’une articulation raide. Elle est également très utile pour l’effet neurophysiologique qu’elle procure. Cela permet un relâchement musculaire et une libération d’endorphine autour de la région manipulée. C’est d’ailleurs ce qui expliquerait en partie qu’on ressente un soulagement et un effet de bien-être après une manipulation.
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Maintenant, est-ce nécessaire et utile pour tous? Ces techniques ont leur place en traitement, par contre elles doivent être utilisées de concert avec d’autres techniques telles que du relâchement musculaire, des mobilisations articulaires ou des exercices de renforcement. Une manipulation à elle seule peut soulager à court terme, mais le problème risque de revenir rapidement, sauf dans quelques cas d’exception. Finalement, bien que la manipulation soit sécuritaire, il faut savoir qu’une articulation qui est manipulée trop fréquemment peut devenir instable. On se retrouve alors avec le problème contraire, car l’articulation qui au départ était raide devient l’articulation qu'il ne faut plus manipuler, car elle bouge trop. Le traitement prend alors un tournant très différent.
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En conclusion, plus on craque une articulation, plus on aura le désir de la faire craquer et le risque de créer une instabilité augmentera. Un des conseils proposé aux personnes qui ont la fâcheuse habitude de se faire craquer le dos ou les doigts, par exemple, est d’essayer de cesser pour 3-4 semaines. L’envie de vous automanipuler devrait diminuer tranquillement.